De plus en plus de réalisateurs font désormais appel au public pour coproduire leurs films. Ils utilisent le système de crowdfunding ou financement participatif pour cela. Une tendance qui se confirme également à Bruxelles. Comment s’y prendre comme porteur de projet ? Comment construire une campagne de crowdfunding ? Quelles plateformes existent ?
Le crowdfunding : pas un phénomène nouveau !
Récolter des fonds auprès de monsieur et madame Tout-le-Monde, le plus souvent via des plateformes spécialisées sur Internet, pour financer un projet spécifique : voilà en bref en quoi consiste le financement participatif. Le principal avantage de cette forme de financement est qu’elle offre aux porteurs de projet une alternative au financement traditionnel.
De plus, elle permet de valider le projet directement auprès des consommateurs et de réaliser éventuellement des préventes. Bref, il s’agit d’un excellent baromètre pour tester son idée.
Le phénomène est loin d’être nouveau. L’un des exemples de financement participatif les plus célèbres de l’histoire est celui de la Statue de la Liberté. L’Union franco-américaine était chargée de mener une collecte de fonds auprès du grand public pour financer la Statue. Elle a organisé des banquets, des loteries, etc. Les villes, les conseils généraux, les associations de commerçants et le grand public ont contribué pour plus d’un million de francs au projet !
En revanche, l’essor que connait ce phénomène ne serait rien sans l’expansion des moyens de communication tels que l’internet et les réseaux sociaux. Un exemple plus récent d’une campagne réussie de crowdfunding est la première campagne présidentielle de Barack Obama. Il a récolté près de 150 millions de dollars auprès du grand public grâce au financement participatif et les moyens de communication actuels !
Quelles formes de financement participatif ?
On distingue 4 types de plateformes de crowdfunding :
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sous forme de dons
Il s’agit de la version la plus simple de financement participatif. Le public soutient financièrement une cause sans rien attendre en retour sauf le sentiment d’avoir aidé son prochain. -
basé sur la récompense
Le public supporte un projet en échange d’une récompense. Celle-ci peut prendre plusieurs formes comme un produit ou un service provenant du porteur du projet ou de l’entreprise soutenue. -
sous forme de prêts
La finance participative sous forme de prêts, comme son nom l’indique, sous-entend que l’argent qui est versé au porteur de projet lui est prêté. Les prêteurs reçoivent en échange l’engagement du bénéficiaire de rembourser à un moment précis la somme due plus intérêts. -
sous forme de prise en participation.
Cette formule est la plus compliquée du financement participatif. Le public qui soutient l’initiative devient en partie propriétaire du projet. Il devient donc éligible au profit qui sera généré par le projet sous forme de dividende et sous forme en gain en capital sur la participation.
Construire une campagne de financement participatif basée sur la récompense : les étapes nécessaires
1. Fixer le montant de votre collecte
Le point crucial d’une campagne est de bien fixer le montant de votre collecte. Le montant doit correspondre aux dépenses essentielles liées à votre projet. Il faut effectuer ce calcul avec précision car les plateformes de financement participatif fonctionnent sous la règle du tout ou rien. Autrement dit, si vous n’atteignez pas votre objectif, vous ne recevrez rien. En revanche, si vous obtenez d’avantage que votre objectif, vous pouvez garder la totalité de la somme récoltée. Dans cette optique, il est important de fixer le montant de la collecte à un minimum vital.
2. Déterminer la durée de la collecte
Tout est une question de balance. La campagne doit être assez longue pour vous donner les temps de dynamiser vos amis, les amis de vos amis et le public en général. En revanche, si la campagne est trop longue, le mouvement risque de s’essouffler et vous ne bénéficierez pas du sentiment d’urgence qui peut engager davantage le public dans votre campagne.
3. Bien communiquer son projet
Tout d’abord, il est important de bien détailler votre projet. Il est important d’entrer en mode storytelling pour s’assurer que votre projet parle au gens ; que ce dernier les rejoigne. Ensuite, il est important de répondre à quelques questions : Qui ? Quoi ? Comment ? Où ? Pourquoi ? De plus, il est important de rendre votre contenu accessible via des photos ou des vidéos. Le mieux votre projet sera exposé, le mieux il risquera d’engager le public.
Ensuite, il faut expliquer la raison pour laquelle vous faites appel à ce type de financement et à quoi cet argent servira. Il est important de détailler les postes de dépenses et éventuellement expliquer ce que vous ferez avec l’argent reçu dans le cas où vous dépassez votre objectif.
Finalement, il est important d’avoir une bonne accroche. L’accroche est la première information que le public verra sur votre projet. Elle doit susciter la curiosité et l’intérêt.
4. Les contreparties
Bien entendu, les contreparties sont directement liées aux types de financement participatif que vous choisirez. Les contreparties doivent alléchantes, originales et être en lien avec votre projet. C’est l’occasion de promouvoir un objet symbolique pour votre projet. De plus, il est important de bien pondérer les contreparties en fonction de la contribution. Jetez un œil sur les différentes plateformes de financement participatif pour vous en inspirer.
5. La campagne de communication
Une fois la campagne mise en ligne, il est temps d’activer le public. C’est la phase la plus importante pour que votre campagne de financement soit un succès. Il est conseillé d’utiliser un visuel attractif qui propose une continuité avec votre projet. Permettez aux gens de rapidement reconnaitre votre projet via un logo ou un symbole distinctif. Osez produire une vidéo explicative. Finalement, il faut que le message circule via vos amis, les amis de vos amis, les agences de presse, la publicité, etc. L’important est d’acquérir un maximum de visibilité.
Le financement participatif et Bruxelles
Il existe diverses plateformes de financement participatif à Bruxelles. En financement participatif sous forme de prise en capital, il y a My Micro Invest. Sous forme de prêts, il y a Look & Fin . Finalement, sous forme de rétribution récompense, il y a Kiss Kiss Bank Bank , Indiegogo et Kickstarter.
Cette liste n'est pas exhaustive.
Le crowdfunding et l’audiovisuel : un bon ménage
Au niveau audiovisuel, le financement participatif a été un levier pour plusieurs projets. En effet, avec les budgets de production qui se rétrécissent et des producteurs de plus en plus frileux à la prise de risque, le financement participatif est de plus en plus en vogue car il permet de rassurer les financeurs potentiels sur l’intérêt porté par le publique au projet. Cela fut notamment le cas de Rob Thomas qui a su mobiliser près de 6 000 000 $ US auprès de ses fans pour faire un film tiré de la défunte télésérie Veronica Mars. Même histoire avec Zach Braff qui, au travers du crowdfunding, a pu financer Wish I Was Here, la suite du film Garden State paru en 2004 et mettant en vedette Nathalie Portman.
A Bruxelles, plusieurs productions cinématographiques ont recours au financement participatif. En autres, UMedia, qui produit Sketté, la nouvelle comédie par les auteurs de Dikkenek, orchestre actuellement une campagne de financement via la plateforme Ulule avec objectif de récolter 100.000 euros.
Sur la plateforme Kiss Kiss Bank Bank, on peut retrouver le projet de court métrage belge Cavalcade , un film de Vincent Tholomé et Maja Jantar. Par ailleurs le Cinéma GALERIES est mentor de l’ensemble des projets audiovisuels, et met à disposition une de ses salles de cinéma pour en améliorer la diffusion. En France, Kiss Kiss Bank Bank réalise également en ce moment une des plus grosses collectes européennes audiovisuelles avec le film Demain, qui réinvente notre avenir à partir des meilleures solutions d'aujourd'hui et qui a déjà récolté près de 300.000 euros en 3 jours.
Pour conclure, le financement participatif permet d’évaluer la validité rapidement du marché et de rapidement engager des clients potentiels. De cela, nous verrons certains projets aller de l’avant non avec l’aval des acteurs financiers traditionnels, mais bien avec le support du client cible même. Il s’agit sans aucun doute d’une opportunité pour le secteur de l’audio-visuel Bruxellois de fleurir et de pousser plus loin la créativité et les projets.