Pour brosser le portrait de TheGreenShot et rencontrer Véronique Pevtschin, co-CEO avec Max Hermans, direction la Maison Européenne des Auteurs à Ixelles. La startup y a posé ses valises dans un environnement particulièrement adéquat. En effet, née dans le monde du cinéma, elle a progressivement étendu sa sphère d’activité à l’ensemble de l’univers de l’entertainment.
« TheGreenShot a été initialement créé pour répondre à un besoin financier, précise Véronique Pevtschin. Max, son inventeur, travaillait sur de grosses co-productions internationales. Le manque de visibilité dans la gestion des budgets lui semblait effarant alors qu’une vision en temps réel des dépenses souvent importantes aurait été souhaitable. »
L’empreinte carbone en guest star
La solution ? Une application mobile permettant aux membres des équipes de production de faire remonter rapidement toutes les données relatives à leurs prestations et leurs dépenses.
- Avantage pour la production : un contrôle plus transparent et plus rapide des dépenses.
- Avantage pour les équipes : une meilleure visibilité en temps réel sur les salaires et une meilleure réactivité des gestionnaires.
- Et point fort de TheGreenShot : le stockage de données très fines et très précises tellement précieuses pour la gestion financière des tournages, ainsi que pour le calcul de leur empreinte carbone.
« Au moment de notre démarrage, ce dernier point n’intéressait pas grand monde, concède Véronique Pevtschin. Nous avons donc fait en sorte d’améliorer notre offre opérationnelle et financière tout en renforçant la visibilité de l’empreinte carbone. Notre but était de la rendre palpable et de créer une sorte d’ ‘instinct’ à son propos comme celui qui nous permet d’évaluer ‘instinctivement’ la valeur monétaire d’un bien de consommation ou d’estimer la qualité d’un logement en fonction de son PEB.
Aujourd’hui tout le monde doit enregistrer son empreinte carbone. Nous avons démontré qu’il est possible d’effectuer l’opération automatiquement plutôt que de charger quelqu’un de cette tâche. Que grâce à nos algorithmes et à l’IA, nous avons la capacité d’affiner et de personnaliser ce calcul, de le faire évoluer en fonction de l’évolution des normes. Et que la connexion en temps réel entre empreinte carbone et données financières permet de faire des économies en choisissant des solutions plus durables sans brider la créativité. On arrive à une finesse d’information qui crée la finesse d’action. »
Une success story…
Le concept a été testé sur une dizaine de films avant le lancement officiel de la startup. « Nous étions prêts en février 2020, au moment où le monde s’est arrêté, confie Véronique Pevtschin. TheGreenShot a finalement été lancé en juin 2021, avant même la fin de la pandémie, à l’occasion du Festival de Cannes parce qu’Annette, le film d’ouverture, était l’un des films pilotes de l’application. » En trois ans et demi, les choses ont bien évolué : de quatre au départ, l’équipe est passée à 68 membres. Le chiffre d’affaires a bondi de 350.000€ en 2022 à 3.000.000€ en 2023 et à plus de 7.000.000€ en 2024. TheGreenShot est désormais présent à Bruxelles bien sûr, mais aussi à Boom dans le cadre du hub Entertainment ouvert par Tomorrow Land, à Paris, Bordeaux, Lyon, New York, Atlanta, Los Angeles et Vancouver. La startup a aussi élargi ses activités, passant de l’industrie du cinéma et de la télévision au secteur de l’événementiel et du spectacle vivant. L’été dernier, le module de planification de TheGreenShot a été utilisé pour toutes les captations de France Télévisions pendant les J.O. de Paris.
… Et quelques péripéties
Tout pourtant n’est pas aussi simple qu’il y paraît. « Certes, nous avons connu une croissance impressionnante, d’une part de nature organique, et d’autre part par le biais d’acquisitions et d’associations, explique Véronique Pevtschin : OOVIIZ en France à l’origine d’une application de planning et de gestion des intermittents du spectacle, Earth Angel aux USA, spécialisée dans les service et l’accompagnement des productions et des studios en matière de durabilité. Leurs créatrices, Nathalie Idiart et Emellie O’Brien sont devenues nos associées.
Mais nous avons successivement encaissé la crise du Covid, la grève des scénaristes à Hollywood et dernièrement les incendies à Los Angeles où nous avons une équipe. En outre, jusqu’à présent, nous avons consacré d’importants moyens à la R&D. C’est d’ailleurs en cela que nous restons une startup. Nous ne sommes pas encore rentables et espérons atteindre l’équilibre cette année. »
La co-CEO parle de la résilience face à l’incertitude politique, financière et climatique indispensable à l’entrepreneuriat d’aujourd’hui. Elle insiste sur la pluralité géographique ainsi que la diversité opérationnelle qui n’est pas toujours bien perçue par les investisseurs. « Ils préfèrent manifestement les mono-produits susceptibles de tout gagner, aux entreprises qui comme nous sont présentes sur plusieurs marchés, avec différentes manières d’aborder leur clientèle. Pourtant nous sommes très attachés à notre diversité car elle nous permet de compenser les baisses de revenus susceptibles de survenir dans l’un de nos secteurs d’activité. Sans doute notre structure est-elle un peu plus complexe que celle des startups classiques, mais pour le reste, nous sommes confrontés aux mêmes challenges qu’elles. »
Un profil original
Il est vrai qu’avec une équipe de management principalement constituée de trentenaires, quadragénaires et de sexagénaires, TheGreenShot fait figure d’exception dans le monde des startups. « On apprend énormément en les côtoyant, sourit Véronique Pevtschin. On se demande si on est légitime, ce que l’on apporte à la structure, autant de questions que les plus jeunes ne se posent pas. Mais en même temps, on a une manière d’appréhender la technologie, de comprendre son impact qui est intéressante. » Sans compter l’expérience si enrichissante pour l’entreprise.
Ainsi, Véronique Pevtschin, ingénieure en cybersécurité de formation, a très jeune tenté avec succès l’aventure de l’entrepreneuriat avant de rejoindre la Commission Européenne puis d’intégrer une grande entreprise IT en Italie. Revenir en Belgique pour s’investir dans une startup débutante était une décision délicate mais qui arrivait à point nommé : « Mon séjour dans les Pouilles, une région d’Italie à l’économie dévastée par une bactérie détruisant les oliviers, m’a interpellée et j’aspirais à une activité conciliant mes compétences avec des préoccupations environnementales », explique-t-elle.
hub.brussels, LA référence
Si elle constate que tout a beaucoup changé depuis sa première expérience entrepreneuriale où il n’était question ni de réseaux sociaux ni d’investisseurs, elle s’émerveille de l’environnement hub.brussels qu’elle a découvert à son retour : «
Les équipes de hub.brussels sont à la fois disponibles, compétentes et flexibles. Elles nous supportent et détectent les opportunités qui pourraient nous intéresser. Nous avons pu compter sur elles pour la préparation des pitches de présentation destinés aux investisseurs. Mais surtout, elles nous ont apporté une aide précieuse à l’international, pour l’obtention des primes et l’accession aux différents programmes export. Elles nous ont épaulé pour intégrer le programme Europe Creative Media dans le cadre duquel nous travaillons actuellement sur trois projets européens vraiment fondamentaux pour notre croissance. Elles nous ont aussi ouvert les portes du réseau international de hub.brussels qui est particulièrement important pour nous. Désormais, nous n’hésitons pas à faire appel aux bureaux de New York ou de San Francisco pour nous aider à résoudre les problèmes que nous rencontrons sur place.
hub.brussels est devenu notre point de référence dès qu’une question se pose et je suis certaine que je n’ai pas encore découvert toutes les ressources à notre disposition. »
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