Le 2 avril dernier, le président américain Donald Trump a annoncé une série de nouvelles mesures en matière de commerce international. Parmi celles-ci, l’instauration de droits de douane sur une vaste gamme de produits importés, touchant une grande partie des partenaires commerciaux des États-Unis. Pour l’Union européenne – et donc les entreprises exportatrices bruxelloises – une taxe de 20 % sera appliquée à l’ensemble des biens expédiés vers les États-Unis à partir du 9 avril.
C’est quoi des droits de douanes, au juste ?
Les droits de douane sont des taxes perçues par les autorités sur les importations de marchandises. Ils doivent être acquittés par l’entreprise importatrice.
Prenons un exemple : une entreprise américaine fabricant des voitures. Pour y parvenir, elle importe de l’aluminium depuis Bruxelles. Avant les taxes, elle payait 100 euros par kilo. Avec la nouvelle réglementation, elle devra désormais s’acquitter d’un droit de douane supplémentaire de 20 euros par kilo, soit un coût total de 120 euros. Pour compenser ce surcoût, l’entreprise est susceptible d’augmenter le prix de vente de son produit final. Cette hausse pourrait inciter les consommateurs à se tourner vers des alternatives produites localement, non soumises à ces nouvelles taxes.
Chronologie et mesures annoncées
Dès le 4 mars 2025, le président Trump avait annoncé l’instauration de droits de douane de 25 % sur deux matières premières essentielles dans l'industrie : l’acier et l’aluminium. En réponse, l’Union européenne a pris la décision, le 12 mars, d’appliquer des mesures similaires aux importations de ces produits en provenance des États-Unis, effectives à partir du 13 avril.
Mais c’est surtout le 2 avril que la situation s’est intensifiée : ce jour-là, l’administration américaine a élargi les droits de douane à l’ensemble des biens importés, avec des taux variables selon leur provenance. Concernant l’Union européenne, le taux de base sera de 20 %, - et même 25 % pour nos célèbres bières et les pièces détachées automobiles.
Les services et quelques biens, notamment les produits pharmaceutiques, le bois, les semi-conducteurs, le pétrole, certains métaux et les minéraux introuvables sur le sol américain sont exemptés de ces nouvelles mesures.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a réagi en annonçant l'ouverture de négociations et la préparation de contre-mesures tarifaires. Les modalités précises de ces dernières (calendrier, ampleur) restent à définir. L’évolution de la situation fera l’objet d’un suivi attentif dans les prochaines semaines.
📌Actualisation du 10/04 : Le 9 avril, le président américain a décidé de suspendre pour 90 jours les surtaxes appliquées à la plupart des pays (à l'exception de la Chine) ce qui signifie que les produits de l'Union Européenne seront temporairement taxés à 10% au lieu de 20% - sauf l'acier, l'aluminium, les voitures et les pièces détachées des véhicules qui restent eux taxés à hauteur de 25%. Par ailleurs, le président Trump a annoncé une nouvelle augmentation des droits de douane sur les produits chinois pour les mener à 125%.
Conséquences pour l’économie bruxelloise
La Région de Bruxelles-Capitale est une économie principalement basée sur les services qui, à ce jour, échappent aux nouveaux droits de douane. Les États-Unis représentent le troisième marché d’exportation des services belges, même si les données régionales détaillées ne sont pas disponibles (source : Banque nationale de Belgique).
Lorsque l’on s’intéresse aux exportations de biens bruxellois vers les Etats-Unis, le pays occupe, en 2024, la sixième place – premier marché non européen – avec un montant de 417,5 millions d’euros.
Après une période de croissance continue entre 2018 et 2023, l’année 2024 a enregistré une forte baisse (-67%) des exportations bruxelloises vers les États-Unis. Ce recul s’explique principalement par:
- La fermeture de l’usine Audi à Bruxelles, impactant lourdement les exportations de matériel de transport (-72 %).
- Le ralentissement généralisé du secteur des industries chimiques au niveau belge, entraînant une baisse des exportations de produits chimiques (-60 %).
Malgré leur déclin, ces deux secteurs représentent encore 88 % des exportations bruxelloises vers les États-Unis. Il est important de noter qu’ils sont exemptés des nouvelles mesures (Audi n’exportera bientôt plus et les produits chimiques/pharmaceutiques ne sont pas concernés).
Les autres catégories de biens exportés – plus modestes en volume mais potentiellement exposées – incluent :
- Produits des industries alimentaires, de boissons et de tabac : 18,1 millions €
- Objets d'art, de collection ou d'antiquité : 7,8 millions €
- Perles fines, pierres gemmes ou similaires, métaux précieux, plaqués ou doublés de métaux précieux ; bijouterie de fantaisie ; monnaies : 5,5 millions €
À court terme, ce sont donc ces secteurs spécifiques, ainsi que d'autres acteurs économiques moins visibles dans les statistiques macroéconomiques, qui pourraient être les plus exposés si les États-Unis représentent pour eux un marché clé.
Comment hub.brussels peut accompagner les entreprises concernées ?
Vous vous sentez concerné.e par ces mesures ? Vous avez des questions ? hub.brussels est à votre disposition pour vous informer, vous conseiller et vous accompagner. Quelques suggestions déjà:
- Prenez contact avec vos clients américains pour anticiper une possible révision des prix ou des contrats.
- Évaluez l’impact sur votre compétitivité si vos concurrents ne sont pas soumis aux mêmes barrières douanières.
- Sollicitez les membres de notre réseau international pour un accompagnement personnalisé et des conseils adaptés à votre secteur.
- Diversifiez vos marchés d’exportation grâce au soutien du réseau international de hub.brussels.
- Restez informé.e : dès que la liste complète des produits concernés sera officialisée, elle sera publiée sur ce site.